Gants blancs et galons dorés
Dans ma série les kinks et pratiques BDSM, une petite histoire de fétichisme des uniformes :-) Ce n'est pas la première du genre je crois, mais quand on aime, on ne compte pas !
Propos liminaire, vu le contexte actuel :
Je suis pacifiste et ne cautionne aucune guerre ou agression, évidemment !
— Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier les uniformes… nous sommes des êtres complexes et paradoxaux !
Il y a toujours une ou deux casquettes fetish dans les soirées en
France, mais ce n’est rien au regard des soirées à Berlin ! Je ne savais
plus où donner de la tête tant j’étais entourée de casquettes, et
conquise ! Cela m’a inspiré une petite histoire…
— Si l’uniforme est vrai (j’ai même identifié son origine : Serbie), l’histoire est inventée, hélas 😉
***
Claire adore les uniformes, elle se sent toute chose devant un militaire,
un marin ou un policier en tenue d’apparat ou de combat. Attirée comme
un papillon, bientôt brûlante de désir, elle s'approche, leur tourne
autour….
Cela ne fonctionne pas avec n'importe quel uniforme, ce
serait trop facile ! Les galons et la casquette ne suffisent pas, il y a
aussi l'engagement qui va avec, le don de soi, les valeurs de courage,
que ce soit pour protéger les personnes ou son pays… Pour faire simple,
un uniforme de groom d’hôtel ou de marine marchande, c’est sympa, mais
ça ne réveille pas ses fantasmes !
Son fétichisme des uniformes
possède des racines profondes, mais Claire n’a pas trop envie de creuser
le sujet, heureuse comme ça. Sans doute, on ne se remet pas d’une
enfance auprès d’un père paradant dans le plus bel uniforme qui soit,
bleu marine orné de galons vieil or. Claire n’a pas envie de démêler cet
éventuel nœud Œdipien, elle préfère s’adonner à sa passion et assouvir
son fétichisme à sa façon.
Après des années à écumer les sites de
rencontres et tenter de séduire des policiers et des militaires, elle
se tourne vers d’autres terrains de chasse, fatiguée de trembler pour de
vrais policiers, et lassée des voyages incessants des vrais militaires…
Elle se tourne vers les jeux de rôles, les reconstitutions historiques,
avant de découvrir de fil en aiguille les soirées fetish où les
uniformes ont aussi la côte. Elle les fréquente toutes, mais les
uniformes ne sont jamais assez nombreux à son goût.
Cette fois,
elle n’hésite pas, elle prend l’avion, pour le plaisir de participer à
une soirée, encouragée par son complice de toujours.
Les
soirées fetish jouent toujours avec la transgression, et quand on
souffre d'un fétichisme de l'uniforme, mieux vous se rendre là où les
uniformes sont le plus tabou, dans le pays le plus pacifiste qui soit,
par la force des choses. Un pays où c’est vraiment transgressif de
revêtir un uniforme : l'Allemagne
Effectivement, son instinct ne
l'a pas trompé ! La soirée regorge de casquettes de tous les pays et de
toutes les époques, avec une prédilection pour les vastes casquettes des
pays de l'Est des années 60 et parfois même quelques inspirations plus
dark — en plein cœur de Berlin, transgression suprême ! Ces casquettes
noires relevées, elle les évite, danger suprême.
Claire
déambule dans le labyrinthe de couloirs et de salles en enfilades :
donjons BDSM, salles "médicales", piste de dance techno rivalisant avec
le meilleur son qui soit – elle en compte au moins trois - , des bars,
des coins sombres, et même une piscine ! Les lieux sont magnifiquement
décorés, la musique techno pulse dans ses oreilles et gagne tout son
corps, des performances fetish se déroulent sur plusieurs scènes,
magiques et bizarres… Elle a l’impression de se promener dans un rêve
éveillé !
Elle danse, erre, le regard aux aguets, et ne s’arrête
que le temps de frayer avec tel ou tel uniforme. Un policier fetish la
retient un instant, tout comme un capitaine d’infanterie d’origine
inconnue, et aussi un officiel de la navale qui brille tout en blanc…Une
fois qu’elle a bien regardé, posé ses doigts sur les décorations,
caressé les boutons dorés, examiné la casquette, palpé les insignes…
elle s’éloigne, comblée un instant, avant de repartir en quête d’autres
uniformes. On essaie de la retenir parfois, le temps d’une autre danse,
ou pour des projets moins avouables peut-être, mais sa quête continue,
elle s’envole.
Soudain, elle l’aperçoit du coin de l’œil : un magnifique uniforme bleu.
Elle se lance à sa poursuite telle Alice suivant le lapin blanc. Elle
se faufile à travers la foule, le perd de vue parfois, avant de repérer à
nouveau une casquette bleu ciel en train de franchir une porte.
Il marche vite, il fend la foule et se joue d'elle comme si elle
n'existait pas. Claire traverse à sa suite quantité de salles, se perd
avec lui, s'engage dans des souterrains, surprend mille scènes
troublantes, mais rien ne peut la détourner de lui, elle veut le
retrouver plus que tout.
Elle est sur le point de se décourager,
fatiguée de courir en vain. Elle retrouve son ami, s'efforce d'oublier
ce militaire d'opérette et de s'amuser, quand un éclair bleu passe à
vive allure tout près d’elle. Son bel uniforme ! Elle plante aussitôt
son ami et se lance discrètement à sa poursuite.
Il s’est enfin
arrêté. Il s’accoude à la balustrade d’une mezzanine et regarde avec un
certain détachement les environs. Elle se campe devant lui toute honte
bue, ivre sans avoir bu, armée d'un courage inhabituel : l'audace de
l'étrangère qui n'est que de passage et ne connaît personne. Elle le
dévisage, subjuguée par son allure martiale. Est-ce enfin lui,
l’uniforme de ses rêves, qu’elle espère depuis si longtemps ?
Mi
général mi prince charmant, cintré dans son uniforme bleu ciel d'été aux
plis impeccables, les mains gantées de blanc, les galons et les boutons
dorés brillant de mille feux, de grandes bottes de cuir noir lustrées…
Il se soumet tranquillement à son examen, sans sourire. Il la regarde de
ses yeux aussi bleus que le tissu de son uniforme et Claire se liquéfie
peu à peu. Elle trouve enfin le courage de lui adresser la parole.
— Votre uniforme est superbe, est-ce que c'est un vrai ?
Elle se mord les lèvres ; évidemment que c'est un vrai ! Il la fixe
sans répondre, fait durer le moment. Le temps est suspendu, Claire
voudrait s’enfuir. Ce silence, c’est comme un refus, une claque, mais
elle reste plantée là, retenue par une chaîne invisible.
L’air se rafraîchit tout à coup autour d'elle, la soirée disparaît.
Sa tête tourne, ses oreilles bourdonnent. Elle se retrouve dans un
brouillard blanc, des flocons de neige tourbillonnent et les
enveloppent, elle et le bel uniforme. Ils sont étrangers, mais se
comprennent parfaitement. Il vient de conquérir son pays, il réclame son
dû. Elle est d’accord, elle veut bien être le tribut de guerre, elle se
rend, il peut la pourfendre de son épée personnelle, tout de suite, se
contenter de sortir son sexe et la prendre directement. Sans enlever son
uniforme surtout.
Mais au lieu de cela, il s'incline galamment et
lui propose un verre. Claire reprend ses esprits, elle entend à nouveau
la musique techno, sent la chaleur des corps qui dansent et
s’étreignent tout autour. Elle soupire... un verre… alors qu'elle bout
d'impatience depuis des heures ! Il faudra trinquer, discuter, s'ennuyer
pendant de longs préliminaires, et, pire que tout, il voudra sans doute
enlever son uniforme… Pourquoi tout ce temps perdu alors qu'elle est
conquise déjà ! Elle est à lui, qu’il la prenne sans autre formalités !
Elle se prépare à prendre son mal en patience avant de changer d'avis.
Elle vient de parcourir 1000 km pour faire ce qu'elle veut, elle ne
connaît personne ici à part son pote, alors au diable les convenances et
le souci du qu’en dira-t-on.
Claire plante ses yeux dans les
siens et affronte le feu glacé de son regard sans fléchir. Elle refuse
le verre en le remerciant, elle accepte tout le reste en revanche. Elle
se lèche les lèvres et le regarde effrontément. Le militaire ne s'y
trompe pas un instant. Il la soulève de terre, la charge sur son épaule
et se prépare à lui faire subir les derniers outrages dans un recoin
sombre.
Claire sursaute quand on lui tapote l’épaule. Son ami !
Il la regarde d’un œil goguenard, elle a dû s'assoupir quelques
minutes.
— On y va ? propose-t-il en souriant. Je suis crevé moi aussi, et la soirée se termine.
Claire lui emboîte le pas comme une somnambule en jetant des coups
d'œil autour d'elle dans l'espoir de revoir son bel uniforme
— Tu as remarqué l'homme avec un superbe uniforme bleu roi ?
— Non, mais tu sais, j’ai surtout regardé les filles !
— Tu n'as pas pu le rater, c’était le plus beau de tous ! Le plus
authentique, fignolé jusqu’au gants blancs ! En plus, je suis restée un
long moment avec lui…
Il compte sur ses doigts, taquin.
—
Voyons… je t'ai vue de loin avec un "policier" aux bas résille, un marin
de la croisière s'amuse, un haut gradé digne de Sissi l'impératrice,
deux ou trois casquettes en cuir… mais un uniforme bleu non, ça ne me
dit rien, tu es sûre que tu n'as pas rêvé ?
— Je te promets que c’est vrai ! Je te le montrerai sur les photos !
Quelques jours plus tard, les photos de la soirée sont enfin publiées
sur le site. Claire se précipite, elle fait défiler nerveusement des
centaines de photos dans l'espoir d'apercevoir son bel inconnu. Il
devrait y être, tous les participants se sont fait photographier dès
leur arrivée comme des stars, une sorte de passage obligé après la porte
d’entrée, avant la plongée dans le grand bain.
Il fallut
pourtant se rendre à l'évidence : il n'a pas été photographié, ni à son
arrivée, ni plus tard pendant la soirée. On n’aurait vu que lui, en bleu
parmi une multitudes de tenues fetish noires.
Claire s’assombrit.
Ce sera long d'attendre la soirée de l’année prochaine, en espérant
qu’il réapparaisse et l’enlève à nouveau. À moins de repérer d’autres
soirées fetish étrangères, qui sait… ou d’en organiser une en France !
Dress code : uniformes ! Uniformes civils acceptés, infirmières,
professeures… et uniformes engagés fortement encouragés ! Sur le flyer,
elle proposera de mettre un uniforme bleu... un signe qui lui sera
adressé en secret. Il n’y a plus qu’à motiver ses organisateurs de
soirées préférés…
Première photo prise sur le net, créditée ou retirée sur simple demande
Seconde photo : Film Anna Karenine
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