Fantastiques étreintes
A l'approche des festivités d'Halloween, une histoire d'épouvante, avec
un brin d'érotisme et de lubricité : deux amis visitent une campagne
perdue au fin fond de la France, et atterrissent par hasard dans un club
libertin mystérieux...
Un grand merci à Lucrece Lucretia d'avoir accepté d'illustrer mon histoire avec ses très belles photos !
***
Les deux amis s’approchent de la fenêtre et tentent de discerner l’intérieur.
— Tu es sûr que c’est ouvert, l'endroit a l'air abandonné, s’interroge Louis.
—
Mais oui, on voit de la lumière, regarde ! C’est dingue quand même de
tomber sur un club libertin au milieu de nulle part ! Un coup de chance
qu’on ait fait escale dans ce village paumé…
— Il était bizarre ce
flyer déposé sur notre pare-brise... un club inconnu au bataillon, j'ai
rien trouvé sur le net, et le boulanger du coin ne connaissait pas. On
va se faire détrousser avant d'avoir eu le temps de dire ouf !
Pierre secoue la tête, il a envie d’y croire. Il donne une bourrade à son copain.
—
Mais non, c'est nous qui allons trousser des jupons ! Ce club vient
peut-être d'ouvrir, et on comprend qu'il se fasse discret, à la campagne
on est moins ouvert d'esprit qu'en ville... Dis-donc, tu ne serais pas
un peu parano, toi ? Allez, on va s’amuser, se détendre, c'est mérité
après toutes ces visites d’églises abandonnées et de châteaux en ruines…
ça va nous changer !
Louis scrute toujours la fenêtre, sceptique.
— Mouais, c'est pas Versailles quand même, à peine une loupiotte !
—
C’est un club libertin je te rappelle, pas un magasin Ikea… Le but
c'est de ne pas voir grand-chose justement, car la lumière tamisée
permet toutes les audaces, l'obscurité encourage les plus timides et
offre une ambiance ténébreuse…
— Te voilà bien lyrique tout à coup, tu t’y vois déjà, on dirait !
Pierre ignore le sarcasme.
—
Tiens, ça devrait te rassurer, ils sont en train d’allumer toutes les
pièces, pile au moment où on arrive, ça tombe bien ! On devait être un
poil en avance…
La porte s'ouvre comme par magie.
Les deux hommes s'avancent sans réfléchir, irrésistiblement attirés.
Ils se retrouvent dans une vaste entrée, meublée à la façon d’une maison
close d’autrefois : miroirs dorés, tentures de velours sombre, sofas
alambiqués.
Soudain, Pierre sursaute et réprime un cri. Une femme
vêtue d'une longue robe noire surgit de l'obscurité, comme une
apparition. Elle se déplace avec grâce, irréelle, comme si elle voletait
au-dessus du sol. Sa chevelure de feu illumine son visage. Elle
esquisse un sourire et les considère fixement. Les deux garçons la
contemplent, subjugués par sa beauté.
Elle sourit plus largement, elle semble apprécier les regards fascinés des deux hommes.
— Messieurs, bienvenue dans mon établissement, j'espère vous aider à réaliser tous vos fantasmes !
Les deux amis frémissent, sa voix grave résonne jusque dans leurs
cœurs. Ils s’approchent, hypnotisés par sa chevelure qui danse comme des
flammes.
— Je m'appelle Kriss, je vous invite à laisser vos affaires au vestiaire.
Louis jette un coup d’œil autour de lui. Il s'inquiète en découvrant le cadre luxueux des lieux.
— Quel est le prix de l'entrée s'il vous plaît ?
Kriss balaye ce détail d'un revers de main.
— Je vous en prie, vous êtes mes invités. Nous manquions justement de compagnie ce soir, c’est très calme.
Louis
trouve ça suspect, mais Pierre ne se pose pas de questions, il tend
déjà son blouson et sa veste à la jeune fille qui tient le vestiaire.
Les yeux rivés sur son décolleté, il ne prête pas attention à son regard
aussi dur que celui de sa patronne.
Louis préfère garder sa veste, il ne confie que son manteau. Il règne une fraîcheur de cave dans ce club !
—
Ne soyez pas timide, les encourage Kriss, déshabillez-vous entièrement,
je vais vous prêter des tenues fetish, vous vous plongerez mieux dans
l’ambiance. Ce n’est pas seulement un club libertin, c’est aussi un club
fetish-BDSM, vous savez ce que c'est ?
Les garçons opinent en
silence. Ils connaissent, bien sûr, mais ils n’ont jamais osé se lancer,
se contentant de regarder des vidéos. Ils sont venus pour ça aussi,
alléchés par les infos sur le flyer, pour découvrir les plaisirs de la
soumission, au-delà des plaisirs du libertinage. Si loin de chez eux
dans ce pays perdu, ils ne risquent pas de tomber sur des collègues !
Pierre,
décidément très coopératif, entreprend de se dévêtir. Il enfile sans
réfléchir le boxer en cuir que lui donne Kriss. La jeune femme se tourne
vers Louis en haussant un sourcil.
— Je vous remercie, fait-il
en s'inclinant, mais j'ai un peu froid pour l'instant, je préfère rester
habillé. Plus tard peut-être.
Kriss n’insiste pas. Louis devine son dépit, assorti d’une pointe de mépris, mais il tient bon.
—
Veuillez me suivre, propose Kriss, je vais vous montrer les lieux. Une
visite accompagnée s’impose, vous pourriez vous égarer ! Vous verrez,
mon manoir libertin est vaste, et plein de surprises.
Le club est immense en effet, bien plus qu'il ne le semblait de l'extérieur.
Un véritable dédale de couloirs, d’escaliers, de pièces variées...
Louis a tôt fait de perdre le compte et le sens de l’orientation. Ils
traversent des salons de toutes tailles, cosy ou fastueux, des
bibliothèques avec des livres jusqu’au plafond, des chambres à thèmes
magnifiquement décorées, des pièces entièrement équipées d'installations
BDSM avec leurs croix de Saint-André, leurs piloris… Toutes les pièces
sont éclairées par des bougies ou des torches — Louis se demande un
instant si cela est bien autorisé. Des feux de cheminée flambent dans
les salons et apportent une touche romantique et inquiétante. Entre la
lumière des flammes et celle des bougies, l'ambiance est féerique et
mystérieuse.
Mais les deux jeunes gens n’ont pas un regard pour le
beau mobilier ou les livres anciens, conquis par la beauté des femmes
qu’ils croisent. Elles sont étendues lascivement sur des peaux de bêtes,
ou bien assises sur des canapés, dévoilant leurs jambes parfaites
gainées de soie. Elles se mirent parfois devant des miroirs en se
coiffant, sirotent des verres au bar, ou paressent sur de grands lits,
un livre à la main… Elles sont toutes d’une beauté irréelle. Louis ne
sait pas laquelle choisir, Pierre les voudrait toutes ! Elles semblent
attendre, presque s'ennuyer, oisives. Il n’y a pas beaucoup de
clients... on dirait même qu’ils sont les seuls ce soir. Louis se perd
en conjectures. S’agit-il de prostituées ou de clientes ? Et pourquoi
sont-ils les seuls garçons quand tant de beautés sont réunies ? Ce club
devrait avoir un succès fou, c’est rare que des filles seules
fréquentent les clubs libertins !
Bientôt, Louis oublie toutes ses
questions, l'une des femmes vient de planter ses yeux dans les siens et
son cœur s'enflamme, se serre à lui faire mal. Il finit par baisser les
yeux, vaincu, et accepte la main qui se tend vers lui. Il songe un
instant à Pierre, avant de l'oublier aussi, sous le charme de la
créature qui s’enroule autour de lui.
— Je m’appelle Elsa, vous me suivez ?
Il
ne pense plus, il se laisse entraîner comme un automate vers le grand
lit. Il n’est plus que sensations, ressentis… Il se retrouve nu en un
clin d’œil, allongé sur des draps de satin. Elsa parcourt son corps de
ses doigts fins et de sa langue pointue, et fait vibrer chaque
centimètre de sa peau. Ses caresses deviennent piquantes, ses ongles
rouges éraflent sa peau, s’enfoncent dans ses chairs. Louis goûte ces
légères griffures, il gémit, se plaint faiblement, tandis que son sexe
se dresse vers le ciel. Elsa l’engouffre dans sa bouche et entame une
fellation en douceur, qui se corse peu à peu de morsures. Louis se
débat, il cherche à se dégager, mais la jeune femme l’empoigne fermement
et poursuit sa mordante fellation, l’emmenant au bord de l’orgasme.
Elle ne le laisse pas jouir, elle est loin d’en avoir fini avec lui !
Elle alterne les baisers fiévreux, passionnés et les morsures jusqu’au
sang, tant elle raffole de sa peau blanche. Elle n’hésite pas y planter
ses griffes et imprimer sa marque.
C’est le moment ! Elle s’empale
sur le sexe bandé et se démène comme une démone. Elle l’encourage de
petites tapes, qui deviennent des gifles, accroissant encore
l’excitation du jeune homme, emmené au bord de l’explosion, sans que
jamais son orgasme ne survienne. Elsa jouit beaucoup en revanche, et
hurle son plaisir sans retenue, fouettant le désir de Louis, qui
accélère ses mouvements de bassin, désespérant de jouir enfin.
Louis finit par s'extraire des griffes d’Elsa,
égratigné, lacéré, la verge en feu, sensible d'avoir tant baisé. Il
réussit à enfiler son pantalon, tandis qu’elle tente de le retenir de sa
voix chaude et de ses doigts de fée. Il abandonne sa chemise entre ses
mains ; tant pis, il se contentera de sa veste. La panique menace de le
submerger, il doit sauver sa peau, cette fille est folle... il a aimé,
il ne peut le nier, mais c'était un peu "trop" ! Il s’enfuit sans se
retourner, Elsa l’appelle à grands cris, mais à son grand soulagement,
ne se lance pas à sa poursuite. Elle n’a pas le droit sortir de la pièce
apparemment.
Louis se met à courir, ignorant les chants de sirènes
qui l’attirent malgré lui. Il évite de regarder les jeunes filles qu’il
croise, se dérobe à leurs attouchements. Il se bouche les oreilles et
continue sa course folle, enchaînant les salons, les chambres, les
bibliothèques toutes semblables, avec leurs jeunes filles vénéneuses. Il
cherche Pierre, où peut-il bien se cacher ? Peut-être l’attend-il déjà
près du vestiaire ? Combien de temps est-il resté avec cette succube !
Des heures sans doute, s’il en croit son sexe en feu.
Louis
accélère encore le pas, il ne pense qu’à rejoindre le vestiaire, en
espérant que Pierre y soit. Il se perd dans un labyrinthe sans fin de
couloirs et de pièces. Le découragement menace, il s’affaiblit, quand il
se retrouve enfin dans l’entrée.
Kriss apparaît soudainement ; le cœur de Louis manque un battement.
— Vous ne nous quittez pas déjà j'espère, s’inquiète-t-elle d’une voix suave, voilée de menaces.
—
Je dois partir ! Puis-je récupérer mes affaires ? Combien vous dois-je ?
Et pouvez-vous demander à Pierre de venir ? Je ne l’ai pas trouvé… Je
vous remercie de votre accueil en tout cas … votre club est… étonnant !
—
Le coût est exorbitant, mais c'est offert par la maison, tant que vous
restez parmi nous ! Votre ami ne boude pas son plaisir, lui ! Vous avez
tort de nous quitter déjà, ce n’était que le début…
Louis s'affole.
— Qu'avez-vous fait de Pierre, où est-il ?
Kriss le fusille du regard.
— Il reste de son plein gré, vous pourrez vérifier par vous-même, je
vous conduis à lui ! Il profite du plaisir que nous lui offrons, car tel
est notre objectif : satisfaire nos invités au-delà de leurs attentes.
S’ils se montrent suffisamment courageux pour apprécier… Pas de place
pour les lâches ici !
Louis ignore l’injure, se contentant de lui
emboîter le pas. Il s’efforce de mémoriser le chemin, pour ne pas se
perdre à nouveau en regagnant la sortie.
Pierre se trouve dans une chambre toute proche
; étonnant qu’il ne soit pas tombé sur lui un peu plus tôt ! Une jeune
femme brune le chevauche à un rythme infernal tout en le cravachant.
— Léa, peux-tu t’interrompre un instant, lui demande Kriss.
La
jeune fille glisse sur le côté, fraîche comme une rose. On ne peut pas
en dire autant de Pierre. Le teint blafard, les yeux cernés de noirs, il
halète, le corps couvert de sueur et parcouru de frissons. Il appelle
Léa faiblement, son sexe dressé oscille à sa recherche. Louis se penche
vers lui, inquiet. Il distingue de nombreuses traces de morsures et de
griffures. Elles sont toutes enragées ici ! C’est un club BDSM, certes,
mais quand même !
— Pierre, ça va ? Viens, il faut qu'on parte !
Pierre secoue la tête, il évite le regard de son ami, il cherche celui
de Léa, l’appelle à lui. Louis tente de le tirer du lit, de le relever,
mais Pierre se débat, il ne veut rien entendre, et repousse son ami
violemment.
Louis se heurte au montant du lit à baldaquin.
Furieux, il renonce à convaincre Pierre. Tant pis, qu’il se débrouille
puisqu’il tient tant à rester !
Kriss insiste de sa voix doucereuse.
— Vous voyez, j’avais raison, votre ami se plaît avec nous !
Restez-vous aussi, je vous promets des plaisirs infinis, plus de
plaisirs que vous n'en aurez jamais…
Louis ne l'écoute plus, il
doit à tout prix fuir cet endroit maudit tant qu'il le peut encore,
avant que le piège ne se referme sur lui. Il reviendra chercher Pierre
plus tard, avec des renforts. Il dira à la police qu’il est maintenu
prisonnier et maltraité, sans doute drogué… Comment expliquer son état
autrement ?
Cette fois, Louis retrouve son chemin sans
difficulté, les filles le laissent en paix, elles semblent avoir renoncé
à l’attirer dans leurs filets. Il préfère ne pas s’approcher de celle
qui tient le vestiaire, tant pis pour son manteau. Il se dirige vers la
sortie sans demander son reste, se contentant de saluer Kriss d’un
simple signe de tête. Elle le regarde en ricanant, ouvertement
sarcastique. Elle ne cache plus son mépris pour ce visiteur peureux et
douillet. Elle ne le retient pas, sans doute satisfaite d’avoir Pierre à
se mettre sous la dent.
La porte s’ouvre, c’est la tempête dehors ! Une bourrasque s’engouffre brusquement dans l’entrée, avant de pousser Louis vers l’extérieur.
Le
jeune homme se retrouve à l'air libre, soulagé, étourdi comme s’il
émergeait d’un cauchemar. La tempête s’est calmée d’un coup. Il se
retourne pour saluer Kriss une dernière fois, mais la porte s'est déjà
refermée d’un coup sec. Une porte toute vermoulue, envahie par le lierre
; il n'avait pas remarqué qu’elle était en aussi mauvais état. Louis
s'approche d'une fenêtre. Tout est plongé dans l’obscurité à nouveau, il
a du mal à distinguer quoi que ce soit entre la saleté des vitres et la
pénombre. Il nettoie une vitre avec son bras pour tenter de mieux voir.
Son cœur s'arrête de battre un instant : ce ne sont que meubles cassés,
branlants, recouverts d’une épaisse couche de poussière… L’endroit est
visiblement abandonné depuis de nombreuses décennies.
Pris de
sueurs froides, Louis ne songe plus qu'à partir, il cherche des yeux sa
voiture. Sans succès. A moins que… cette épave couverte de lierre, se
pourrait-il que ce soit elle ? Il se précipite et arrache comme un
forcené les plantes grimpantes, avant de se figer d’horreur. Il vient
d’apercevoir son visage dans la vitre de la portière : le visage ridé
d’un vieil homme. Il porte ses mains à ses joues et manque de
s’effondrer : ses joues sont creuses, sa peau flasque, il a perdu
presque tous ses cheveux…
Louis court comme un fou vers le club,
grimaçant de douleur sur ses vieilles jambes et tambourine à la porte.
Il supplie, qu’on lui rende sa jeunesse, qu’on le laisse entrer au
moins... Il croit entendre des rires, il devine des ombres, et l’espoir
renaît dans son cœur.
Modèle : Lucrece Lucretia, Photographe : Norbert d'Amico
sublime texte , j'envie le personnage de Louis ? Chapeau a l'auteure
RépondreSupprimerMerci ! :-) Je ne sais pas s'il faut l'envier, tout dépend de la suite ;-)
SupprimerUn délice de bout en bout où les codes se chevauches à merveille et la chute est digne d'un "creep-show" ! Merci de ce partage
RépondreSupprimerMerci pour ce retour :-) ! Je suis ravie que mon histoire vous ait plu !
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